Non, nous ne suggérons pas de déménager vers un autre pays. Bien au contraire. Mais il est clair que ce matin nous nous sommes réveillés dans un pays brutalisé, profondément blessé et changé.
Tous nos sentiments et nos pensées sont avec ceux qui ont perdu un proche, un aimé, père, mère, enfant..., et avec les victimes, blessées mais survivantes, quelques-unes encore accrochées à la vie mais fragiles, avec les familles et tous ceux qui vivent de près les conséquences de ces faits inimaginables.
Nous pensons aussi à tous les gens qui vivent encore maintenant l'incertitude insupportable.
Avec eux, c'est toute notre communauté qui se trouve touchée, meurtrie.
Nos sentiments sont forts, violents mais troublés.
Nous comprenons les appels à la surveillance renforcée, à l'action répressive et l'empressement des gens à vouloir s'exprimer tous azimuts, et il est clair qu'ensemble nous devons repenser la sécurité.
Il ne sera pas évident de combattre un ennemi apparemment invisible, n'ayant aucun respect pour les valeurs fondamentalement humaines, frôlant la dérision mentale.
Mais il est en même temps difficile d'accepter la vision d'une photo d'un passant à l'aéroport, la mallette à la main, ignorant un blessé grave gisant au sol. Où est notre compassion, notre constitution spontanée de nous soucier de ceux qui sont en peine ou en détresse?
Notre souffrance partagée, notre soucis spontané de l'autre en détresse et notre solidarité feront part de l'énergie de notre résilience.
Le Monde meilleur n'est pas une illusion... Il commence ici, aujourd'hui, en ce que nous faisons l'un pour l'autre, avec notre aptitude au dialogue et à la collaboration.
C'est notre "non" à la haine, l'envie, la jalousie et la dérision.
C'est notre « oui » à la magnifique communauté dont nous faisons partie et que nous voulons aider à progresser pour le mieux. Changeons et prospérons.
Paul-Emmanuel Casier